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Introduction de philo sur La liberté

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Par   •  13 Mai 2023  •  Dissertation  •  1 577 Mots (7 Pages)  •  221 Vues

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La liberté peut-elle s'apprendre ?

Laurent Darnis TGC

“Le « déterminisme » est de la mythologie”, explique Friedrich Nietzsche dans le 21e paragraphe de son livre au titre explicite : Par delà le bien et le mal. Pour le philosophe allemand, le déterminisme est le prétexte des individus à la “volonté faible”. Il préconise donc le contraire : la “volonté forte”. Il faudrait de ce fait passer de l’une à l’autre, acquérir une volonté “forte”. On comprendra dès lors qu’il faille se poser la question : “la liberté peut-elle s’apprendre ?”.

Le sujet qui nous est donné à examiner interroge le lien entre l'exercice de la “liberté” et les effets émancipateurs de l’éducation. L’homme est un être temporel, doté d’une capacité d’évolution hors norme. Cela signifie que les premières années de vie sont caractérisées par une absence fondamentale d’autonomie. Enfant, l’homme est d’abord un animal sur la voie de l’humanité. L’homme se trouve initialement sous la dépendance de ses parents, des adultes, de leurs lois. On comprendra ainsi que l’apprentissage est la condition sine qua non de la “liberté”. Le verbe “apprendre” fait référence à la fois au travail d’enseignement de l’adulte et, en miroir, à celui d’instruction de l’homme en devenir. Sera donc “libre” l’être qui a appris à faire des choix en conscience, au fur et à mesure des leçons reçues ; libre aussi, celui qui sera sorti de sa condition animale, enfantine, dépendante. L’être qui a appris deviendrait libre en raison de sa sagesse : on lui a donné la connaissance, la culture, pour faire des choix au sein du monde dessiné par ses enseignants, mais aussi pour se libérer des chaînes forgées par toutes les croyances, tous les préjugés. Éclairé, le sujet est devenu libre. De l’Antiquité grecque aux Lumières du XVIIIe siècle, les philosophes ont mis en valeur à quel point la paideia (l'éducation) ouvrait et multipliait les chemins de la liberté.

Cependant, il convient de considérer que poser le problème de la liberté en termes d’apprentissage conduit à définir l’émancipation par son contraire : la soumission. Si cette soumission a vocation, certes, à être dépassée, il demeure paradoxal de “pouvoir” faire la femme ou l’homme libre dans le “devoir”, l’impératif de l’écoute et de l’obéissance. L’idéal qui contraint l’enfant à la docilité et à la souplesse peut-il garantir le comportement affranchi de l’adulte ? Rien n’est moins certain. Du reste, il n’est pas interdit de penser que l’acquisition d’une culture et d’habitudes se substituant à la spontanéité enfantine et animale pourraient former à son tour une “seconde nature” et, de ce fait, une nouvelle forme de servitude. Ainsi, dans une société de plus en plus aux prises avec les règles et la technologie, ne serions-nous pas ainsi réellement libres si nous pratiquons de préférence la stratégie de la rupture culturelle et de l’imagination ?

Nous nous demanderons par conséquent si l’apprentissage est un moyen satisfaisant, voire la voie royale, de la sortie de l’enfance servile et de la liberté conquise ?

Dans quelle mesure, en effet, la liberté de l’adulte dépend de la progressive acquisition de savoirs en quantité et en qualité ? Car celle-ci ne naîtra-t-elle pas plutôt de son contraire, d’un savoir-faire : celui d’une pensée toujours renouvelée, toujours prête à changer, d’une tournure d’esprit instable, questionnante et sceptique par définition ?

(1) Nous étudierons dans un premier temps les situations pour lesquelles la liberté de l’homme s’acquiert nécessairement par l’apprentissage, par l’internalisation de nouvelles connaissances.

(1.1.) Une première connaissance émancipatrice vise à prendre conscience des différents freins qui fondent la dépendance des individus. Il s’agira ainsi de mettre au jour de quelle manière le fait d’amener les êtres à connaître leurs passions les aide à prendre leurs distances avec celles-ci. La logique psychologique vise ainsi à faire sortir l’individu des inerties de l’animalité, de l’enfance et du “ça” (Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse).  

(1.2.) Seconde portée libératoire de l’instruction : la politique. Si l’homme est un animal social, il requiert à la fois une éducation aux valeurs démocratiques (Aristote, Politique) et un savoir sur sa propre propension à la “servitude volontaire”. Armé de cette instruction “civique”, il peut construire collectivement des contre-pouvoirs et imaginer de nouvelles formes politiques.

(1.3.) Si l’apprentissage peut libérer, c’est, enfin, en raison de l’ouverture des possibles qu’il favorise. La connaissance scientifique conduit vers des voies que les générations précédentes méconnaissent : le savoir géographique et physique ont aidé à ouvrir des déplacements précédemment impossibles (cas de Christophe Colomb ou Elon Musk). Le cas de la médecine est plus emblématique : lorsque ce savoir empêche la mort ou les troubles incontrôlés,  il conduit littéralement l’être malade à toute la liberté que lui offre la vie sauvée. (Freud, patiente Elizabeth)

(2) Une fois examinée la contribution de l’apprentissage à l’émancipation des êtres, nous pourrons étudier les limites sous-jacentes à cette démarche, telles qu’elles ont été exposées par la littérature philosophique.

(2.1.) Lorsque le parent ou le maître “guident”, ne ferment-ils pas en réalité certaines portes ? Nous tâcherons ainsi de mettre en lumière l’idée que la culture, voire l’acquisition de règles de conduites et de valeurs par l’éducation, peuvent finalement produire une “seconde nature”, c’est-à-dire en d’autres termes, une nouvelle forme de servitude. Dans une approche sociétale, il convient de se demander si, comme le pense Pierre Bourdieu, les valeurs de toute famille, sont la construction de l’“habitus” dès le plus jeune âge, ne conditionne pas le futur adulte.

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