Intelligence artificielle

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Opinion de la rédaction

En quoi l’intelligence artificielle peut-elle égaler, voire surpasser, l’intelligence humaine ? Là était notre sujet. Nous avons tenté de donner des éléments de réponse à cette question si complexe. Et nous nous sommes surtout rendu compte que cette problématique scientifique posait des problèmes plus profonds sur notre avenir, sur l’homme et sur la société.

En regardant notre vie, nous nous sommes demandé ce qui nous faisait humain et intelligent, ce qui nous donnait envie de vivre. Ne vivre qu’en comptant essentiellement sur les robots et l’intelligence artificielle nous couperait de toute solidarité, de toute compassion envers les          « non rentables » et envers les intelligences déficientes. Nous vivrions dans l’illusion d’une toute puissance qui ne laisserait plus de place à l’échec, lequel peut nous amener à être créateur de solutions innovantes. Cela ne laisserait plus place au hasard ou à la bonne surprise, ni même au don gratuit pour autrui jusqu’au sacrifice de sa vie. Le robot ne pardonnera pas les sévices alors qu’une des grandeurs de l’homme est de vouloir et pouvoir pardonner librement. Un choix purement mécaniste amènerait à se venger, à fuir ou à rester indifférent. Une société qui privilégie ceux qui peuvent profiter de l’intelligence artificielle creuse les inégalités sociales et annonce un avenir inquiétant de revendications potentiellement violentes. L’homme doit apprendre à bien penser et à privilégier « tout ce qui demande de la finesse, de la complexité, et qui contribue au développement de l’esprit critique », comme le souligne dans « Le Point » André Giordan, professeur à l’université de Genève. Et Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation nationale, souligne que les « humanités » vont revenir au premier plan, « car on aura comme jamais besoin de culture générale. » (« Le Point »)

Nous sommes à la fin d’une époque. Une révolution sociale et humaine est indispensable. Il va falloir et vouloir être inventif pour permettre à chacun de vivre, d’avoir un travail à sa mesure et de s’épanouir en fonction de ses capacités. Peut-être, comme le suggère Nicolas Sadirac, informaticien et co-fondateur de l’« Ecole 42», le développement de la capacité à « co-créer, à interagir, à avoir de l’empathie, restera la plus-value de l’homme. » (« Le Point ») Michel Serres parle de changement de civilisation. Et face à ce changement et à cet avenir inconnu, on pourrait redire avec Ionesco dans Rhinocéros : « Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu‘au bout ! Je ne capitule pas ! »

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