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Religion Cours

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Par   •  24 Mars 2020  •  Cours  •  7 093 Mots (29 Pages)  •  423 Vues

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LA RELIGION

INTRODUCTION

Il s’agira pour nous d’analyser la religion comme un fait universel, pas de débattre de la vérité de la religion ou de comparer les religions entre elles. L’analyse diffère du jugement ; il s’agit de définir et d’analyser le fait religieux. Parler de LA religion présuppose l’unité de son concept. Peut-on parler de la religion ou faut-il plutôt parler des religions ? Parler de la religion ce n’est pas non plus la même chose que parler de Dieu. Si l’un implique l’autre, il y a une différence entre religion et divinité – le sentiment et l’idée de Dieu existent d’ailleurs indépendamment de la religion. Néanmoins, cette dernière semble être omniprésente : nulle culture, nul pays où l’on ne rencontre une religion définie, avec ses temples, ses prêtres, ses croyances et ses règles. La religion est un phénomène culturel ancestral et universel. Leroi-Gourhan montre que l’homme préhistorique était lui-même un être religieux. (Texte 1, thème : la religion dans la préhistoire ; thèse principale : l. 16-19, thèse annexe : l. 8-9.) Selon lui, l’évolution de l’homme préhistorique est corrélative d’une évolution de la pratique religieuse. La religion doit être considérée comme une technique métaphysique d’insertion de l’homme dans le monde, complétant les techniques physiques. Des paléoanthropologues font d’ailleurs remonter les plus anciennes pratiques funéraires religieuses à plus de 90 000 ans, au temps de l’homme de Neandertal, avant même l’apparition de l’homo sapiens, ce qui confirme l’assertion de Bergson dans Les deux sources de la morale et de la religion (1932) : « La vérité est que la religion, étant coextensive à notre espèce, doit tenir à notre structure ». On peut donc se demander si la religion est une création culturelle ou un besoin naturel. L’homme est-il, par essence, un être religieux, un homo religiosus ?

Prof. David König, Stanislas, Nice. 2

I. DÉFINITION DE LA RELIGION

1) L’étymologie :

1ère hypothèse : du latin religare : « relier ». Entre quoi et quoi ? Entre l’homme et Dieu, mais aussi l’homme et l’homme : lien vertical et horizontal. Les mots « église » et « synagogue » viennent d’ailleurs du mot « assemblée » qui se dit ecclesia en latin et synagoga en grec, confirmant ce lien vertical – on pense alors immédiatement au mot latin « societas » qui signifie l’union, l’association. (Cf. oumma en Islam, la « communauté ».) Cette étymologie suggère donc une double dimension de la religion : politique et métaphysique. 2e hypothèse : selon Cicéron, le terme « religion » viendrait de relegere : relire, réviser, revoir avec soin. Émile Benveniste le relie à legere : cueillir, recueillir, rassembler (in Vocabulaire des institutions indo-européennes, II, 267-272.). Être religieux signifierait être scrupuleux, redoubler d’attention (≠neglegere). Faire preuve de scrupule dans l’application des rites (c’est-à-dire être inquiet et exigeant), c’est faire attention à ce qu’on fait et le faire exactement. Ainsi, on dit qu’on fait une chose religieusement. C’est le cas des rites, des sacrifices et des prières. Cette attention scrupuleuse est l’essence des cultes « apotropaïques », qui détournent le danger, protègent et apaisent les dieux (du grec apotropein : détourner). La religion est une activité qui impose le scrupule, c’est-à-dire le recueillement.

Ce sont là deux aspects fondamentaux de la religion. Le second nous est moins accessible mais il est pourtant le plus ancien ; il est présent dans les religions anciennes. Au regard de l’étymologie, la religion est un système destiné à relier l’homme à Dieu et les hommes entre eux ; elle comporte donc deux facettes : métaphysique et sociale, transcendante et immanente.

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2) Les caractéristiques fondamentales de la religion :

En règle générale, la religion comporte les 7 caractéristiques suivantes : 1. L’AU-DELÀ : elle est fondée sur la croyance en une réalité supérieure (les dieux) à la réalité matérielle. C’est la différence entre au-delà et ici-bas. (Cf. Saint Paul, Épître aux Corinthiens : « Si cette maison de terre et de boue dans laquelle nous habitons est détruite, nous avons une autre maison qui nous est préparée au ciel. ») 2. LE SACRÉ : elle est fondée sur la distinction entre deux ordres de réalité : le sacré et le profane. Profane : qui n’est pas sacré (de profanus : la partie extérieure à l’enceinte du temple, hors de l’espace sacré). Sacré : se dit d’un endroit, d’un objet, d’un rite, d’une loi ou d’une personne (soit par décret, soit parce qu’il émane une puissance spéciale) ; le sacré relève d’un ordre séparé, supérieur et inviolable ; il est objet de respect religieux. Cf. Mircea Eliade, Le sacré et le profane (1956) : « Pour l’homme religieux, l’espace n’est pas homogène ; il présente des ruptures, des cassures : il y a des portions d’espace qualitativement différente les unes des autres. » (Cf. Exode, III, 5.) (Cf. Roger Caillois, L’homme et le sacré (1950), Texte 2 : le sacré comme « catégorie de la sensibilité ».) Le sacré revêt une dimension subjective : la fascination. N’oublions pas que la religion touche à l’intériorité de l’homme ; c’est une expérience dont le fondement échappe au concept, même si elle n’est pas totalement irrationnelle. Selon Rudolf Otto, le sacré est la marque du « Tout autre », l’expression de la Majestas, du mysterium tremendum : c’est « le mystère qui fait frissonner », cf. Le Sacré (1917). 3. MYTHE FONDATEUR : Le mythe est un récit fabuleux et sacré sur l’origine du monde, sa signification et sa finalité. À travers les mythes, la religion propose un système du monde sous forme de représentation, et cherche à résoudre la question de l’origine. Pour l’anthropologue James Frazer, « la

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mythologie est la philosophie de l’homme primitif. C’est le premier essai de réponse aux questions générales sur le monde qui se sont posées à l’esprit

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