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Que gagne t'on à travailler ?

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Par   •  10 Février 2022  •  Dissertation  •  3 620 Mots (15 Pages)  •  976 Vues

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Dissertation d’Alice Wade

Que gagne-t-on à travailler ?

A partir du mercredi 3 novembre 2021, la presse relaie que les femmes françaises travaillent “gratuitement”, c’est-à-dire qu’étant comparativement moins rémunérées que les hommes pour des responsabilités ou tâches similaires, c’est comme si à partir de cette date, elles exerçaient leurs emplois de manière bénévole. Or, travailler, c’est au sens contemporain du terme réaliser un métier et en tirer une rémunération, un salaire. Mais, plus largement, que gagne-t-on à travailler? Le terme “gagner” induit une idée positive, celle d’un bénéfice, matériel ou non, qui offrirait au sujet une condition meilleure. Celui qui “gagne” quelque chose ressent une forme de joie, en plus, peut-être, de la satisfaction que procure ce que l’on a concrètement gagné. Ce double effet est galvanisant au présent (d’où le fait qu’un vainqueur accompagne souvent son succès d’un cri enthousiaste), motivant pour l’avenir (car gagner peut constituer un objectif, un projet). Aussi, l’idée de “gagner” serait un enjeu pour l’homme qui en ferait un horizon. Cela signifierait progresser, améliorer ses conditions de vie. En imaginant que travailler soit un moyen de “gagner”, cela implique que le premier permettrait le second, que ce qui est souvent vu comme une contrainte, une obligation sociale et matérielle, deviendrait alors source de joie et de fierté. Si travailler signifie s’investir volontairement dans une activité que l’on a choisie et qui nous rend digne, il est assez aisé de l’imaginer comme la source éventuelle de gains; mais si travailler s’entend comme le fait d’exercer un emploi pénible, précaire, usant les forces du corps et de l’esprit, alors l’imaginer comme gagnante est provocant ou absurde. Dès lors, il s’agit d’interroger ce que l’homme peut trouver de bon dans le fait de s’appliquer à une tâche, de questionner l’idée si la fin (le gain) justifie toujours les moyens (le travail). Travaille-t-on pour gagner quelque chose, donc en étant soumis à cet impératif de produire, ou faut-il travailler à gagner, c’est-à-dire libre de toute obligation de résultat?

Nous verrons que travailler permet à l’homme de gagner, c’est-à-dire d’être libre, reconnu et fier; puis nous envisagerons comme ce gain peut en réalité cacher une perte, une dégradation de l’être et une aliénation; avant de chercher à ne plus gagner en travaillant, mais à travailler à gagner en se réappropriant notre rapport au travail.

 

Dans un premier temps, nous allons donc voir comment le travail constitue un moyen de “gagner” pour l’Homme. Dans nos sociétés du XXI e siècle, une société du paraître et de l’identité sociale, le travail occupe une place très importante. Il permet d’acquérir un certain rang, une appartenance, une intégration. Heidegger, philosophe allemand du XXe siècle, remarque dans Être et temps, notre désir de reconnaissance par autrui qui trouve dans le travail une matérialisation qui nous amène à nous identifier avec ce dernier. Cela nous enfonce encore plus dans la dépendance du travail qui assure une sécurité sociale, et même un attribut, un atout pour certains. Le travail serait une sorte d’étiquette que certains porteraient fièrement. Le travail est donc comme une marque sociale qui permet à l’Homme de gagner une certaine confiance en lui lorsqu’il est amené à avoir des intéractions sociales. De plus, Platon dans le deuxième livre de La République, souligne la place capitale du travail dans la société; il permet de ranger les individus dans des classes sociales et donc de construire une société de manière ordonnée. Le travail est ici un outil social, la preuve d’une appartenance à un groupe, un rang, loin de dégrader la dignité de l’homme, le travail la lui révèle.

Le travail rend nos journées utiles, en travaillant, nous ne perdons pas notre temps. L’activité en elle-même absorbe l’homme, elle est gagnante, positive, féconde pour lui. Le travail nous rend “utile” et rend nos journées remplies ce qui nous apporte une certaine satisfaction et réassurance, il nous permet de nous valoriser, nous donne une utilité. Pendant le confinement, Christophe Nguyen, à la tête du cabinet franco-québécois Empreinte Humaine, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux à observé un doublement des burn-outs liés au travail (2 millions). Ces burn-outs n'étaient pas dû à une surcharge du travail (qui en est généralement la cause) mais à un manque trop violent de ce dernier, un certain sentiment de déshumanisation, un chamboulement du rythme de vie. En effet, le travail met à profit nos journées, elle amène l’homme dans un environnement productif qui le sort de chez lui, et lui apporte une certaine bulle d’oxygène. Le confinement à montré que le chômage forcé détruisait la santé psychique de certains. De plus, il faut retenir que le travail peut-être un réel plaisir, en effet, selon Confucius “Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie”. Ici, Confucius rappelle que le travail n’est donc pas forcément qu'une tâche à faire ou un devoir mais un plaisir, lorsque l’Homme à la possibilité de choisir une profession qui lui plaît. L'Homme bénéficie donc du travail de manière quotidienne et non que lorsque le salaire (but) est versé (atteint).

Nous devons aussi retenir que le travail offre la liberté. Il offre une liberté financière dans le sens où il nous permet une indépendance. Les femmes sont aujourd’hui encouragées à travailler pour ne pas dépendre financièrement d’un homme (mariage). Lorsque nous nous penchons sur les générations plus anciennes, les femmes en général ne faisaient pas d’études et étaient amenées par la société à être mères et femme au foyer. Depuis le XXIe siècle, en particulier dans les sociétés occidentales, les femmes sont plus encouragées à faire des études et avoir de brillantes carrières, car, elles sont à égalité avec les hommes et méritent les mêmes parcours. Ici, le travail offre une liberté, une indépendance, une libre maîtrise de sa vie et de ses choix. Nous pouvons aussi prendre l’exemple des adolescents devenant des adultes. Le passage à la vie d’adulte est marqué par le premier emploi, la première fiche de paye, le premier salaire. Il permet au vieil adolescent d’obtenir une place d’adulte actif dans la vie active. Il permet surtout l’indépendance économique de son foyer, de sa famille. Cette affirmation peut-être soutenue par l’allemand Heinrich Beta, qui en 1845 écrit dans un écrit intitulé Argent et esprit (Geld und Geist): « Ce n'est pas la foi qui rend heureux, pas la foi en des curetons égoïstes et nobles, mais c'est le travail qui rend heureux, car le travail rend libre.” L’allemand qui à écrit cette célèbre phrase voulait donc exprimer la jouissance que le travail offre: une liberté dont nous sommes maîtres. Benjamin Constant, dans De la liberté des anciens comparée aux modernes, éprouve des sentiments partagés sur le travail est d’accord avec le fait qu’il apporte le facteur principal de la liberté, qui est très importante pour l’Homme moderne. Le travail rend l’Homme libre.

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