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Peut-on vivre dans une société sans état ?

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Par   •  12 Février 2020  •  Dissertation  •  1 993 Mots (8 Pages)  •  1 613 Vues

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Peut-on vivre dans une société sans état ?

« L'Etat est un mot investi de connotations parfaitement contradictoires, les unes discrètement positives ou réservées, les autres franchement idolâtres ou hostiles », résumait Philippe Braut dans son livre "l'Etat".
Selon Lagroye, est qualifiée d’état toute
 forme d’organisation politique d’où ressort une spécialisation des rôles politiques, un monopole de la coercition, une bureaucratie, et enfin une différenciation de corps et d’institutions spécialisées.  Ainsi depuis la naissance de la conceptualisation de l'Etat, celui-ci a déchaîné les passions. Pour Nietszche, l'Etat c'est « le plus froid des montres froids ». Pour Hegel, L'Etat apparaît comme l'aboutissement d'un processus. Au-delà de ces questions sur les caractéristiques de l'Etat : ne faut-il pas s'interroger sur le rôle de l'Etat, sur sa nécessité dans une société ? L'Etat est-il indispensable à la vie en groupe ? Avant même la conception de l'Etat, les gens ont pourtant vécu en sociétés sans pour autant qu'il existe un pouvoir institutionnalisé. L'Etat est-il une finalité, un aboutissement d'un processus de socialisation des peuples ? l'Homme est-il si déraisonnable pour que l'idée de L'Etat lui paraisse indispensable ? Sa souveraineté nationale n'est-il pas l'unique moyen de faire régner l'ordre social ? N'est-il pas l'unique moyen de contrainte, le seul moyen de garantir la paix et la sécurité, en bref l'unité dans la durée contrairement aux sociétés peut-être plus fragile ? En une seule question, peut-on finalement vivre sans Etat ?

Définir la vie (ici vivre = vivre durablement sans avoir à se préoccuper constamment de sa survie)

I - L’état, un organe possiblement contingent à la société

  1. Les modèles anarchistes et marxistes : le rêve d’une société sans état

Anarchisme et communisme visent l’abolition de l’Etat, qui est forcément répressif. Il incarne les intérêts d'une classe dominante, aux dépens des intérêts collectifs. Aussi, dans ces théories, la libération de l'homme et l'instauration d'une véritable justice passent par son abolition. Pour cela, il faut que chaque individu prenne conscience qu'il appartient à une seule et même communauté humaine, qu'il comprenne qu'en défendant ses intérêts privés, il se défend de devenir un être libre vivant au sein d'une communauté juste et égalitaire. Les anarchistes et les communistes, au XIX siècle, ont ainsi vu dans l’Etat l'instrument de la domination d'une élite minoritaire sur l'ensemble de la société. C'est la raison pour laquelle ils ont élaboré des théories prévoyant l'abolition de l’Etat et la fin de la lutte des classes. Le mouvement anarchiste (a-narké, littéralement « sans pouvoir » ou « sans autorité ») ne prône pas comme on le croit souvent le désordre et le chaos, mais une société idéale fonctionnant sans le contrôle oppressif, pour l'individu, d'un Etat. La devise des anarchistes « ni Dieu, ni maître » exprime bien le refus d'une autorité de l'Etat, que celui-ci tire sa légitimité du pouvoir divin ou du pouvoir, même démocratique, des hommes. Aucune autorité n'a de légitimité à exercer un pouvoir sur d'autres hommes, fût-elle élue par une majorité. En effet, selon cette conception l’état détruirait les qualités individuelles, il empêcherait par-dessus tout la libre expression de l’individu en réglementant sa vie sociale. Comme le disait Proudhon : « Etre gouverné, c’est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, endoctriné, prêché, contrôlé… ». Ainsi, une organisation idéale de la société serait une organisation par elle-même fondée sur l’association des producteurs (coopératives...) et l’absence de propriété privée. Seules des associations libres doivent suffire à assurer la coopération sociale, sans la tutelle d'institutions étatiques.
L’homme raisonnable n’a
 d’ailleurs besoin ni d’Etat ni de loi. Cette idée est exprimée par Rousseau. Selon lui, une conscience morale et raisonnable suffit à tout. L'homme qui agit conformément à ses impératifs n'a pas besoin de la loi. Il n'a pas besoin d'avoir à craindre la justice, la police, la puissance de l’Etat pour agir droitement. 

  1. L’existence de modèles de sociétés sans état

Les sociétés archaïques ne connaissent pas l’Etat : c’est le cas des sociétés tribales, des clans, des chefferies, … A la place, des rites et des coutumes sacrées régissent la vie sociale, sans l'aide d'une police. Beaucoup de ces sociétés ont disparu, mais il en reste quelques-unes, identiques à ce qu'elles étaient il y a dix mille ans, comme les tribus en Amazonie. Selon Pierre Clastres, qui s'est fondé sur les observations de différentes tribus indiennes d'Amérique, l'absence de l'État, dans les sociétés primitives, n'équivaut pas à une absence du politique, mais à une forme originale de sa présence : le pouvoir politique est diffus, non explicité, jamais monopolisé par des personnes ou des organisations spécialisées. Par exemple, tous les adultes mâles ou tous ceux d'un lignage particulier ou toute une classe d'âge peuvent y participer. Par exemple, les chasseurs-cueilleurs du Kalahari ou de la forêt amazonienne ne s'accommodent que de chefs sans autorité, qui tâchent de dire la coutume, de parler au nom du groupe. Dans de tels cas, l'organisation politique n'est pas prise en charge par un corps constitué qui se distinguerait clairement au sein de l'organisation sociale. L'unanimité et l'absence de corps policier qu'on trouve dans certaines de ces sociétés reposent sur la répétition de modèles ancestraux et une forte ritualisation des rôles.
Parallèlement, la société féodale est nommée par certains historiens d’anarchie féodale dans la mesure où elle ne possédait pas d’état à proprement parler. En effet, le roi confère de son pouvoir à des seigneurs, qui s’y soumettent en échange. Cette société reposait donc des liens féodaux vassaliques, l’autorité est fragmentée et non pas institutionnalisée et centralisée sur un modèle étatique moderne. Mais ce modèle de société va disparaitre par une monopolisation de la violence légitime vers le monarque sous Louis 14.
Pour une petite mise au point historique, les preuves des plus anciennes cités-États ont été trouvées dans l'ancienne Mésopotamie vers 3700 av. J.-C., ce qui suggère que l'histoire de l'État a en vérité moins de 6 000 ans, donc pour la plupart de la préhistoire humaine l'État n'existait pas. Comme l'Homo sapiens existe depuis environ 200 000 ans, cela implique que les sociétés organisées en États ont existé pendant au plus 3 % de toute l'histoire humaine.

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