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Peut-on penser sans les mots ?

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Par   •  16 Octobre 2021  •  Dissertation  •  1 108 Mots (5 Pages)  •  783 Vues

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Peut-on penser sans les mots ?

L’homme est né avec un cerveau qui lui permet de penser, de former des idées, de les concevoir par l’esprit, par l’intelligence ; il a été éduqué avec les mots, éléments du lexique en tant que signes, qui lui ont permis de communiquer et d’exprimer ses pensées en société. Telle une machine, le cerveau assimile un langage, des concepts, des images. Dans quelle mesure est-il possible, réalisable et souhaitable pour l’homme de concevoir ces idées sans langage, autrement formulé, quelle serait la place et le rôle du langage par rapport à la pensée ? Pour répondre à cette interrogation, nous commencerons par analyser comment la réalité objective des pensées précède le langage, puis, nous étudierons le langage intégré à la pensée.

        Communiquer avec les mots pour exprimer une pensée semble évident, mais il est moins évident de savoir si ces pensées sont formées avant même de se marier aux mots. Si on se retrouve dans l'impossibilité d’exprimer une pensée, ce qui arrive fort souvent, cela signifie que les mots sont imparfaits. Ils semblent incapables de traduire les sentiments, on pourrait donc affirmer que le mot est un outil imparfait. Bergson montre que cela tient à la nature des mots car ils désignent quelque chose de général. Notre désir d’expression comme souci de dire quelque chose de singulier ne peut être que déçu. Les mots sont généraux et ne restituent pas la singularité des vécus. Bergson explique qu’il en va de même pour nos états d'âme “qui se dérobent à nous dans ce qu’ils ont de personnel, d’originellement vécu". C’est ainsi que le langage voile, sous des catégories générales comme l’amour où la haine, les nuances singulières de nos sentiments. Nous pouvons faire autrement que nous mouvoir parmi des généralités et des symboles qui n’expriment pas la singularité des choses et de nos états d'âme. Ainsi, par exemple, nous disons identiquement “je t’aime” à un parent ou à un conjoint, alors même que nous savons bien que nos états d'âme sont très différents. La pensée peut échapper au langage sous la forme de l’intuition. L'ineffable est beaucoup plus vaste et beaucoup plus riche que les mots qui sont incapables d’en définir profondément son essence.

Notre perception des choses est créée par des besoins sensationnels ou des passions, et les mots viendront plus tard, pour essayer de transmettre nos différentes sensibilités, de façon plus riche ou plus pauvre en dépendant de la langue ou des langues utilisées. En effet, la singularité des langues serait vue ici comme un défaut puisque c’est un obstacle à l’entente entre les hommes. La linguistique montre que la langue a des particularités l'empêchant de la traduire dans un autre. La perception des choses sera plus ou moins facilitée par les mots dont on dispose. Non seulement le langage est un outil imparfait mais aussi trompeur. Il est marqué par le caractère flou d’un propos ou d’une situation, difficile à définir, parfois avec plusieurs sens ; Hobbes montre que sous un même mot, nous glissons des significations différentes en raison de nos sensibilités différentes. Cela fausse la base même des dialogues et des pensées. Considérer que certaines pensées ne sauraient être dites par le langage impliquerait donc l’existence de ces pensées fermentées avant leur formulation dans des mots.

Là où la pensée peut exister sans avoir besoin de l'usage des mots, la fécondité du langage nous amène à croire que celui-ci est plus engagé à la pensée qu’on ne le suppose.

Tous les êtres vivants communiquent par des moyens différents, cris, chants, parade, etc. Il y a pourtant une différence de nature entre cette communication et celle dont l’homme est capable. Dans un langage animal les signes sont fixes, désignent toujours la même chose et se limitent au champ des besoins vitaux. Au contraire, le langage humain dépasse le champ des besoins vitaux et n’a pas besoin de celui-ci pour s’exprimer. Descartes montre que la parole est la manifestation d’une véritable pensée alors que l’animal n'extériorise que des passions, besoins, sensations…

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