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Baudelaire - Question d'ensemble sur l'Idéal

Cours : Baudelaire - Question d'ensemble sur l'Idéal. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  27 Juin 2016  •  Cours  •  3 266 Mots (14 Pages)  •  1 363 Vues

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Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Question d’ensemble : Que faut-il entendre par « Idéal » ?

Définitions du mot

Le sens commun oppose « idéal » à « réel » ou « matériel » ; il y ajoute une notion de beauté et de perfection qui ne sont pas des choses de ce monde, mais dont on peut se faire une représentation plus ou moins claire et vers laquelle il est possible de tendre.

« Idéal » devient alors synonyme de « rêvé ».

le philosophe « idéaliste », à l’exemple de Platon, dans plusieurs de ses dialogues (Le Sophiste ou de l’être, Le Parménide ou des idées, Le Phèdre ou de la beauté…), soutient au contraire que les « idées » sont, non pas de simples concepts, mais les seules vraies réalités, les principes immuables et objectifs de toutes les choses sensibles, qui, elles, ne sont qu’apparence. C’est à la contemplation de ces « idées » que doit tendre notre esprit, dans sa recherche du Beau, du Bien et du Vrai.

Deux explications permettent de mieux comprendre cette philosophie « idéaliste » que l’on appelle aussi, même si les mots s’entrechoquent, « matérialisme des idées ».

L’allégorie de la « caverne », dans le livre VII de La République (Platon) : des hommes sont enchaînés dans une caverne souterraine ; derrière eux, à une certaine hauteur, un grand feu éclaire le souterrain. Les prisonniers voient défiler sur les parois des hommes portant divers objets, et, comme ils n’ont jamais rien vu que ces ombres, ils s’imaginent que ces silhouettes parlent, vivent ; ils les prennent pour la réalité. Si l’on détache un de ces captifs, que l’on conduit à l’entrée de la caverne, et que l’on force à regarder du côté de la lumière, celle-ci blessera ses yeux ; longtemps, il refusera de reconnaître qu’il avait pris des fantômes pour des êtres réels. Telle est la condition humaine y explique Socrate : la caverne, c’est le monde visible, le feu qui l’éclaire, c’est la lumière du soleil ; et les ombres, nos sensations, que nous croyons à tort, plus réelles que les « idées ».

La théorie de la « réminiscence »

Développée dans le beau mythe de Phèdre, elle montre comment l’homme, prisonnier du monde sensible, peut avoir envie d’accéder à celui de ces « idées ». Son âme se souvient de ce qu’elle a vu, dans une vie antérieure (titre du poème XII), où elle faisait partie du cortège des dieux, communiquant comme eux avec les modèles immuables des choses (le Vrai absolu, le Beau absolu), avant de tomber, à la suite d’on ne sait quel méfait (le péché originel, diront les chrétiens), dans le monde du changement, du devenir, des apparences et dans la prison du corps. Et comme ce monde imite vaguement le premier, nous sommes poussés naturellement à rendre plus clairs, plus distincts, nos souvenirs confus de ce séjour auprès des dieux.

C’est ce que Lamartine résume dans ces deux vers :

« Boire dans sa nature, infini de ses vœux, / L’homme est un dieu tombé, qui se souvient des cieux » (Méditations poétiques, 1820, « Méditation II », « De l’Automne »

Pour Baudelaire, qui n’est pas plus que Lamartine un philosophe (mais la philosophie n’est pas l’affaire des seuls philosophes, disait précisément Socrate), la définition d’« Idéal » dans le recueil, se rapproche assez de la théorie platonicienne, bien qu’elle ne s’écarte pas tout à fait de la signification courante de ce mot, dans le langage populaire. Le philosophe reconnaîtra chez le poète la conscience d’une dégradation de l’être dans le monde des sensations, et la nostalgie d’une vie antérieure. Le lecteur ordinaire entendra seulement l’opposition entre « réel » et « idéal », et surtout l’impossibilité d’accéder à la perception recherchée.

Ajoutons, pour être plus précis, qu’il y a, entre « Spleen » et « Idéal », à peu près la même antonymie (voir question d’ensemble « Spleen »), de sorte qu’on peut entendre par le second l’ensemble des aspirations de l’homme, qui s’évertue, par divers moyens, à fuir la vie réelle, génératrice d’Ennui et de Malheur.

Les moyens d’évasion

Ces moyens d’évasion sont, presque tous, voués )à l’échec : ils éloignent momentanément le « spleen » qui les a fait naître mais qui finit toujours par revenir. On peut même dire que « spleen » et « idéal » sont étroitement liés, et compris l’un dans l’autre : il y a des « fleurs » dans le « mal » et le « mal » est dans les « fleurs », « plus maladives », comme dit le poète dans sa dédicace.

Pour contrebalancer le poids de cette vie, voici quelles sont les voies qui s’offrent à lui et font l’objet d’exploration ou d’expériences plus ou moins longues :

  • L’amour des femmes
  • La communion humaine
  • Les « paradis » perdus, imaginaires, artificiels
  • Le sentiment religieux
  • La mort
  • L’art

Aucune de ces expériences n’est vraiment concluante mais chacune correspond à une aspiration authentique de son âme.

L’amour des femmes

Il est aisé de distinguer, dans « Spleen et Idéal », les poèmes (XIX à LV) dont les inspiratrices sont Jeanne Duval (XX à XXV), Apollonie Sabatier (XXVI à XLIV), Marie Daubrun (XLV à LI), la « très belle », la « très bonne » et la « très chère » ?

La femme, « Ange gardien », « Muse et Madone » (XXXVII) tour à tour appelée « mère », « maîtresse », « sœur et enfant », est objet de désir, de tendresse, d’amitié maternelle ou idéalisée. Elle promet de grandes voluptés, elle est la source d’évasion.

Baudelaire ne se lasse pas de détailler les charmes faits pour que l’homme se perde dans les plaisirs des sens : les yeux, la chevelure (CVII), le corps alangui dans sa nudité, ou la démarche de « serpent qui danse » (XXVI), les parfums qui grisent, les toilettes, les bijoux (XX), la sensualité toujours inassouvie (« Sed non satiata », XXIV)… Comparées tour à tour à un « beau navire » (XLVIII), à la mer, au paysage d’une île bienheureuse ou d’un pays rêvé, ou bien encore à l’animal voluptueux et mystérieux par excellence (« Les Chats », XLVI), la femme aimée dissipe l’inquiétude et l’ennui ; elle satisfait l’envie d’ailleurs ou d’autre chose.

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