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Enfin seul ?

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Par   •  29 Décembre 2019  •  Fiche de lecture  •  2 178 Mots (9 Pages)  •  1 501 Vues

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Enfin seul ?

"L'homme seul est quelque chose d’imparfait ; il faut qu'il trouve un second pour être heureux". A travers cette citation tirée du discours sur les passions de l'amour, Pascal affirme que l'on ne peut vivre heureux dans la solitude et que l'Homme a besoin d'autrui pour accéder au bonheur. Le textes de Tzvetan Todorov « la couleur des idées », Raphaël Enthoven intitulé « sur une Ile Déserte », Baudelaire, nommé « A une heure de Paris » que l’on retrouve dans son recueil le spleen de Paris, ainsi que « Julie ou la nouvelle Héloïse » écrit par Jean-Jacques Rousseau évoquent la solitude chez l’Homme, mais sous différents aspects. Mais en quoi la solitude peut-elle être un bienfait comme une atteinte pour l’Homme ? Bien que l’Homme soit un être nativement social, il retrouve sa liberté dans la solitude. Mais cette solitude étant ambivalente, on en vient à se demander si la solitude elle-même ne serait pas une solitude sociale.

Tzvetan Todorov dit clairement que la vie en société, au départ, ne relève pas des dispositions personnelles mais est constitutive de notre nature : nous naissons sociaux, en quelque sorte, et notre existence s’inscrit forcément dans une sociabilité plus ou moins riche, plus ou moins appréciée, mais inévitable ? Robinson Crusoé et le garde forestier de Ruyard Kipling évoquées par Raphael Enthoven, pour incarner des cas exemplaires de solitude absolue, et ici, forcé, n’en sont pas moins des exceptions qui confirment justement que nous sommes fondamentalement destinées à vivre parmi nos semblables. Le héros misanthrope de « A une heure du matin » n’échappe pas à la règle : sa journée s’est passée en rencontres décevantes, humiliantes, qui se répéteront sans doute jour après jour pour le mortifier un peu plus, mais ces rencontres n’en constituent pas moins le tissu de son existence. Quant à l’échappée de Saint-Preux dans les Alpes suisses, elle ne peut qu’être provisoire et ne prend sens que dans le cadre de ses amours contrariées avec Julie à laquelle d’ailleurs il relate avec minutie les détails de son périple et les fluctuations de ses états d’âmes.

Du reste, ces deux solitudes sont tout relatives : Saint Preux est accompagné d’un guide avec lequel il sympathise d’emblée, tandis que le personnage de Baudelaire évoque un ami rencontré par hasard, une « sauteuse avec laquelle il s’est diverti, et invoque les absent(s) aimées ou chantées… La société occidentale comme le rappelle Raphaël Enthoven, ne conçoit guère que l’on puisse s’accommoder d’une vie sans autrui, pour le meilleur et pour le pire, et Rousseau, cité par T. Todorov, affirme que l’homme ne peut s’épanouir que dans le cadre collectif. Ainsi qu’on le veuille ou non, notre existence serait forcément sociale, et la solitude ne semblerait dans cette perspective n’en constituer qu’un accident ou une déclinaison qui ne remettrait pas fondamentalement en question cette sociabilité.

De plus, la construction de soi se fait à travers la sociabilité. Comme dans le texte « Sur une ile déserte » de Enthoven, on retrouve cette idée de la construction de soi par autrui. Il explique que Robinson Crusoé et le garde forestier se comportent encore comme s’ils étaient en société alors qu’ils sont tout seul, afin de se rassurer en se disant que l’humanité existe encore. En effet, sans autrui, le monde se réduirait à un seul point de vue, le monde se réduirait à une unique représentation qu’on s’en fait. La présence d’autrui es donc aussi l’assurance d’une extériorité, de l’existence d’autre chose qu’un seul rapport au monde. Tzvetan Todorov amplifie ce propos : « La vie en société ne relève pas d’un choix : nous sommes toujours déjà sociaux » (L.1). L’homme est alors de naissance, sociale et fait pour vivre en société, avec autrui. Mais ce besoin d’autrui peut parfois se révéler être une menace. Baudelaire évoque effectivement à travers le texte tiré de le spleen de Paris que le moi se constitue grâce au mépris envers autrui : « Seigneur mon Dieu ! Accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise ! » (l.24-25). Ici le moi se compare à autrui, se construit en se comparant et en essayant de se valoriser face à autrui. En me comparant, j’existe et je ne suis plus seul. Autrui devient donc révélateur de la conscience de soi mais aussi un rival. Semblable et différent, proche et distant autrui est à la fois celui dont je ne peux me passer et celui qui parfois m’insupporte. Si autrui m’insupporte, c’est moins en c qu’il diffère de moi qu’en ce qu’il me ressemble : nous désirons les mêmes choses et ce que l’on prend fait nécessairement défaut à l’autre. Autrui est donc une menace parce qu’un rival : il est insaisissable, il est une conscience dont l’accès m’est impossible. Mais la conscience de soi se constitue aussi à travers la solitude physique. Le jeune Bourgeois dans le texte de Rousseau ressens une solitude physique lors de ses échanges avec Julie. Mais cette solitude est comblée par la nature grandiose qu’il explore « Un mélange étonnant de la nature sauvage et de la nature cultivée montrait partout la main des hommes où l’on eût cru qu’ils n’avaient jamais pénétrés ». Néanmoins, il ressent à travers la nature, la petitesse de l’humanité. Mais cette nature cultivée par l’homme reste un témoin de cette humanité. Ainsi, la conscience de soi par d’abord par autrui.

Bien que l’Homme soit un être naturellement social, il est tout de même amené à être seul. Mais cette solitude est ambivalente : en effet elle possède deux caractères différents. La solitude est l'état, ponctuel ou durable, plus ou moins choisi ou subi, d'un individu qui n'est engagé dans aucun rapport avec autrui. ... La solitude est très différente selon qu'elle est choisie ou subie. Tout d’abord la solitude est le témoin d’une incomplétude, d’un manque. Dans le texte de Baudelaire, la sensibilité du narrateur est marquée par la médiocrité de la société. Celui-ci se réjouis d’être « enfin ! seul ! », en dehors de la société, où il ressent paradoxalement une certaine solitude, alors qu’il est entouré de personnes. Mais pour lui la société est si médiocre, ne lui apporte rien, ne satisfait pas ses envire et ce manque dont il à besoin lorsqu’il est en société. La solitude en société est plus redoutable pour lui que sa propre solitude à proprement parle. « Il me semble que ce tour de clef augmentera

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